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Historische Dokumente und Autographen

Louis XV - Roi + Pierre de Bernis, François-Joachim de - Cardinal, Sec. d’État d. A. É.

Referenz: louis-xv-roi-pierre-de-bernis-francois-joachim-de-cardinal-sec-d-etat-d-a-e
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Peinture de François-Joachim de Pierre de Bernis - Cardinal de Bernis, Secrétaire d'État des Affaires Étrangères (1757-58).

Brevet de pension viagère de 750 livres au Marquis Lothaire Ottieri en récompense des marques de la considération qu’il a pour sa Majesté et la protection dont le pape Benoit XIV a bien voulu l’honorer. À Versailles, le 23 mai 1758. Document signé  « Louis » (probablement secrétaire) sur vélin et contresigné par François-Joachim de Pierre de Bernis.

François-Joachim de PIERRE, cardinal de BERNIS (*1715 - †1794) est un diplomate, homme de lettres et prélat français qui fut ambassadeur à Venise (1752-1755), ministre d'État (1757), secrétaire d'État des Affaires étrangères (1757-1758) et chargé d'affaires auprès du Saint-Siège (1774-1794).

Né dans une famille de noblesse ancienne, les de Pierre, il fit ses études au collège Louis-le-Grand, à Paris, avant d'entrer au grand séminaire de Saint-Sulpice. Excellent élève, il était également ambitieux et mélancolique. Mgr de Fleury, d'abord son protecteur, se retourna ensuite contre lui et brisa net sa future carrière ecclésiastique. Bernis écrivit dans ses Mémoires : « Je suis né sensible à l'excès. Ma situation m'humiliait, j'en dévorais l'amertume ; mais je savais bien qu'un visage triste intéresse peu de temps et fatigue bientôt. J'eus donc la force de garder mes chagrins pour moi, et de ne faire briller aux yeux des autres que mon imagination et ma gaieté. »

Jusqu'à l'âge de 35 ans, il écrivit et publia de la poésie, ce qui lui valut, de la part de Voltaire, le sobriquet de « Babet la bouquetière », ou encore « Belle Babet ». Ce cadet de famille vivarois fit brillamment son chemin. À 29 ans, en 1744, il entra à l'Académie française.

Ses vers galants lui valurent prestige et amis. C'est ainsi qu'il rencontra la marquise de Pompadour, favorite du roi Louis XV, par l'intermédiaire de Mme d'Estrades, cousine de Mme Le Normand. Il fut invité des salons littéraires et des fêtes des Grandes Nuits de Sceaux de la duchesse du Maine, en son château de Sceaux, dans le cercle des chevaliers de l'Ordre de la Mouche à Miel.

Cette amitié le tira de la pauvreté, lui valut une pension royale de 1500 livres, ainsi qu'un appartement aux Tuileries. La marquise de Pompadour lança surtout sa carrière diplomatique et politique dans les premiers cercles du gouvernement royal de la France au point de le faire entrer au Conseil du roi quand il fut nommé ministre d'État (1757) puis secrétaire d'État des Affaires étrangères (1757-1758). Dans son sillage, il entraîna vers la carrière diplomatique Louise Charlotte Clotilde de Boutechoux-Palamballe, rencontrée dès 1741 et qui jouera un rôle sensible dans la politique des affaires étrangères de la France auprès de lui.

Le cardinal de Bernis était grand-oncle du cardinal comte Anne Louis Henri de La Fare (1752 - † 1829), évêque de Nancy puis archevêque de Sens et d’Auxerre, premier aumônier de madame la dauphine, pair de France, commandeur de l’ordre du Saint-Esprit, ministre d'État (1824) qui fut le chargé d'affaires du roi Louis XVIII à Vienne durant l'Émigration.

En 1752, il demanda une ambassade. Le roi lui proposa la Pologne ; il refusa, on lui accorda Venise. La Sérénissime n’était plus alors un poste important, la ville brillait surtout par ses courtisanes et son carnaval. Bernis fit semblant de le croire, sans être dupe : « Je n'étais guère à craindre à Venise, et tout ce qui pouvait m'y arriver de pis, c'était d'y être oublié ».

Il menait grand train de maison, son cuisinier était fameux, toute l’Europe passa à Venise pour s’y divertir, tout ce qui comptait était invité chez l’ambassadeur de France. Certes, Bernis toute sa vie aima mener une vie de plaisirs et de libertinage, mais il y entrait aussi du délibéré : « Lorsque mes amis me grondaient de la grande dépense que je faisais, je leur répondais : je place mon argent à fonds perdu à un denier fort avantageux. Vous verrez qu'il me rapportera en abbayes et en dignités. »

Il s’informait, entretenait des agents doubles ou triples, parmi lesquels Casanova. Lorsque Bernis fut rappelé à Versailles en 1755, on songeait à lui pour l'ambassade d'Espagne, poste prestigieux. Bien qu'il eût formulé des réserves à ce sujet, il fut chargé de négocier avec le comte de Starhemberg le retournement d'alliances entre le roi Frédéric II de Prusse et l'impératrice d'Autriche. Choiseul fut désigné ambassadeur à Vienne ; il y consentit à condition que l'on nommât Bernis secrétaire d'État aux Affaires étrangères. La suggestion, en apparence amicale, était sournoise : un tel ministère dans une telle période, c’était une nasse, c’était le risque de se perdre. En 1757, il entra donc au conseil du roi. Il collectionna les faveurs : abbaye des Trois-Fontaines de l'ordre de Cîteaux, membre de l'ordre du Saint-Esprit. Il jouit alors de 40 000 livres de rente.

Le traité de Versailles fut signé en 1756 ; il conduisit à la guerre de Sept Ans. Le destin des armes se révéla catastrophique. On renvoyait des ministres. Bernis s’offrit à démêler cette crise : il demanda le fauteuil de Premier ministre, le roi refusa ; Bernis demande alors le chapeau de cardinal, afin d'être, au moins sur le plan de l'étiquette, le premier des ministres. Le roi accepta le marché (octobre 1757) (défaite de Rossbach en novembre 1757). Bernis parut parvenir, lui le pacifique, le conciliateur, au sommet du pouvoir. Quinze jours plus tard, il reçut une lettre de cachet du roi, lui enjoignant de se rendre sous deux jours dans sa résidence de Vic-sur-Aisne et de n’en plus sortir. C’était l’exil.

Il fut enfin ordonné prêtre (1760). En 1764, il fut nommé archevêque d'Albi, planta des vignes, traça des routes, s'occupa à ses charités et se révéla un excellent administrateur. Il put encore, grâce à de copieux bénéfices ecclésiastiques, mener grand train.

En 1769, il est nommé cardinal au titre cardinalice San Silvestro in Capite. Le pape Clément XIII mourut bientôt : un conclave fut convoqué, Bernis partit pour Rome. Il était chargé d'une mission : trouver un candidat anti-jésuites. La Compagnie de Jésus traversait alors une mauvaise passe : elle était interdite au Portugal, en Espagne, en France ; le nouveau pape aurait pour tâche de la dissoudre. Bernis trouva un ancien cordelier qui fit l’affaire. En récompense, on le nomme ambassadeur dans la ville éternelle de 1774 à 1794. Il y fit l’élection d’un autre pape, Clément XIV, joua les amphitryons avec volupté, fit travailler le meilleur cuisinier de la ville (même si la goutte le condamne aux légumes bouillis), connut la douceur de vivre avant la Révolution.

Bernis se vit demander, à la fin de 1790, de prêter serment à la Constitution civile du clergé. Il tergiversa d'abord, envoyant un billet contenant un serment sous réserves. Le 30 janvier 1791, le serment fut décrété nul de forme par l'Assemblée. Le 23 février, Bernis signifia son refus par écrit. Il reçut le 30 mars ses lettres de rappel.

Parallèlement, il se vit dépouillé de sa dignité épiscopale : à la fin d'octobre 1790, le directoire départemental l'avait sommé de choisir entre son évêché d'Albi et son ambassade. Au début de 1791, un nouvel évêque fut élu à sa place. Il ne toucha pas le traitement de 10 000 livres promis aux évêques démissionnaires ; pis encore, on lui réclama 18 000 livres d'arriérés de taxes. Bernis, adversaire de la Révolution, poussa le pape à condamner la Constitution civile du clergé.

En mars 1792, il fut inscrit pour la première fois sur la liste des émigrés. Ses biens furent mis sous séquestre. Malgré l'annulation de l'inscription, les meubles du château ancestral, en Ardèche, furent vendus aux enchères, afin de payer les 53 000 livres de « contribution patriotique » que le district exigeait de lui. Le 4 mars 1793, il fut définitivement déclaré émigré. Le reste de ses biens fut vendu.

Bernis restait tout de même influent à Rome, même s'il n'était plus rien officiellement. En avril 1790, il accueillit Mesdames Adélaïde et Victoire, filles de Louis XV. Le 10 décembre 1790, il fut nommé « visiteur des églises, couvents et possessions de France » pour les États pontificaux. Il fut même chargé d'une mission diplomatique : en février 1794, on le chargea de négocier auprès de Charles IV d'Espagne l'accueil du comte de Provence. Bernis n'en obtint néanmoins qu'une invitation pour le comte seul.

Le dimanche 3 novembre 1794, il mourut à Rome. Il fut inhumé en l'église Saint-Louis-des-Français jusqu'en 1805, date à laquelle sa famille fit transférer son corps à la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Castor de Nîmes. Son cœur demeura dans la Ville éternelle.

 

Taille et type du document: 26x33 cm, vélin.