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Historische Dokumente und Autographen

Le Concordat de Fontainebleau entre Napoléon et le Pape Pie VII - Bulletin des Lois

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Portrait du pape Pie VII, peint par Jacques-Louis David.

Publication du Concordat de Fontainebleau entre Napoléon et le pape Pie VII comme Loi de l'Empire. Bulletin des Lois No. 488

Le concordat de Fontainebleau du 25 janvier 1813.

Le 19 juin 1812, le Pape Pie VII arrive à Fontainebleau pour une captivité qui durera dix-neuf mois. Mais revenons tout d'abord sur les raisons du conflit entre Napoléon et le Souverain Pontife. L'Eglise, c'est à dire à la fois le Vatican et le clergé local, n'est pas assez soumise au goût de l'Empereur. En juin 1809, il apprend que le Pape a signé contre lui une bulle d'excommunication. Il le fait alors enfermer (on rappelle que les armées impériales occupaient l'Italie), et peu après fait annexer les Etats Pontificaux à l'Empire. Le projet de Napoléon est de soumettre l'Eglise à son autorité: les papes devraient prêter serment à l'Empereur, et obéir à un nouveau Concordat.

Dans la nuit du 5 au 6 juillet 1809, le général Etienne Radet, aidé d’un millier d’hommes, gendarmes, conscrits ou soldats de la garde civique de Rome, fait appliquer des échelles au palais du Quirinal, où le pape se tenait enfermé. Les fenêtres et les portes intérieures ayant été forcées, il arrive, suivi de ses hommes jusqu’à la pièce qui précède immédiatement la chambre à coucher du pape. Celle-ci lui est ouverte par ordre de Sa Sainteté, qui s’était levée au bruit et revêtue à la hâte de ses habits de ville. Il soupait ; deux plats de poisson composaient tout le service. Après l’avoir écouté, le pape ne lui répond que par ces mots : « Monsieur, un souverain qui n’a besoin pour vivre que d’un écu par jour n’est pas un homme qu’on intimide aisément. » Radet réitère sa demande et le pape lui rétorque ces mots restés célèbres : « Non possiamo. Non dobbiamo. Non vogliamo » (Nous ne le pouvons pas. Nous ne le devons pas. Nous ne le voulons pas). Sur son refus formel de renoncer à la souveraineté temporelle des États de l’Église, le général Radet l’enlève du Quirinal avec le cardinal Bartolomeo Pacca, son secrétaire d'État, le fait monter dans un carrosse escorté par des gendarmes et le conduit prisonnier à la chartreuse de Florence, puis à Alexandrie et à Grenoble. Amené ensuite à Savone, le pape y sera gardé comme un véritable prisonnier d’État jusqu’en juin 1812. Son geôlier, Antoine Brignole-Sale préfet de Montenotte, aristocrate génois d'une grande famille à laquelle le souverain pontife marquera beaucoup d'attention, s'acquitte de sa tâche en obtenant tant les éloges de l'empereur que l'amitié du pape qui le surnomme alors « mon bon geôlier ». Pie VII lui rendra visite après la fin de l'épopée napoléonienne dans sa somptueuse villa Brignole-Sale à Voltri. Ne voulant pas devenir un simple haut fonctionnaire de l’État français, il refuse de toucher les 2 millions de revenus que lui assure le décret par lequel Rome était annexée à l’Empire, proteste de nouveau contre la conduite de Napoléon et refuse constamment de donner l’institution canonique aux évêques nommés par l'Empereur. Avant de quitter le Quirinal, il avait ordonné de détruire son anneau du pêcheur afin qu'aucun usurpateur ne pût s'en servir à son insu. Ce sera l'unique occasion en 2000 ans où l'anneau du Pêcheur sera détruit du vivant d'un pape encore régnant.

Sur ces entrefaites, l’Empereur, ayant appelé à Paris treize cardinaux pour assister à son mariage avec Marie-Louise d'Autriche et ayant éprouvé un refus, il signe l’ordre de leur exil et leur assigne des résidences séparées. Profondément irrité de ne rien obtenir du pape pour les affaires ecclésiastiques, il se résout à se passer de lui en convoquant à Paris un concile national (1811), interdit à Pie VII de communiquer avec les évêques de l’Empire, le menace d’une déposition et lui envoie à Savone, pour lui arracher une adhésion aux actes de ce concile, une députation d’évêques, qu’il reçoit avec une grande sévérité et qui ne peut rien obtenir de lui.

En 1812, avant de partir pour sa funeste campagne de Russie, Napoléon fait transférer secrètement Pie VII à Fontainebleau. Le 12 juin 1812 le docteur Balthazard Claraz sauve la vie du pape Pie VII, alors que, malade et épuisé, il venait de recevoir l'extrême-onction à l'hospice du col du Mont-Cenis lors de son transfert de Savone à Fontainebleau.

Le 20 juin 1812, le pape Pie VII arrive au château de Fontainebleau. Le docteur Claraz assistera le Saint-Père pendant les deux premiers mois de sa captivité, en tant que médecin chirurgien. 

Vaincu par l’opiniâtreté de l’Empereur et par l’obsession de certains cardinaux, le malheureux pontife consent à signer, le 25 janvier 1813, un nouveau concordat, par lequel il abdique sa souveraineté temporelle, une partie de son autorité spirituelle, et consent à venir résider en France (Napoléon avait prévu d'installer la résidence du pape dans l'île de la Cité, à Paris). Le 13 février 1813 Napoléon fait proclamer le concordat de Fontainebleau loi d'Empire.Toutefois, à l’instigation de Consalvi et de Pacca, le pape Pie VII se rétracte peu de temps après, le 24 mars 1813, et est de nouveau traité en prisonnier d’État.

 

Taille et type du document: 22x14 cm, papier